Private Equity : la sélection des gérants, plus décisive que jamais - Interview de Maxime Vanneaux
- Lissa Wilms
- 8 oct.
- 8 min de lecture
À l’occasion de Patrimonia 2025, Maxime Vanneaux, responsable de la relation partenaire chez Private Corner, a répondu aux questions de Lissa Wilms, directrice générale d’Angage Finances, et d’Ivan Wallaert, associé gérant chez WSI Conseil.
Comment Private Corner se positionne-t-il sur un marché du Private Equity en plein essor ? Les performances de ces dernières années sont-elles durables ? Quel fonds conseiller à un client néophyte du Private Equity ?
Retrouvez ici la vidéo intégrale de l'interview :
Maxime Vanneaux : Private Corner, c'est une société de gestion qui est 100% dédiée au marché privé. Notre métier, autrement dit, c'est de sélectionner les gérants de qualité institutionnelle, quelles que soient leurs spécialités, en Private Equity, en infrastructures, en dette privée, et permettre ensuite, via des fonds accessibles dès 100 000€ pour une clientèle patrimoniale, d'accéder à ces stratégies instits historiques.
Le Private Equity s’est considérablement élargi ces dernières années. On parle beaucoup de démocratisation du Private Equity. Comment est-ce qu'on s'y retrouve et comment Private Corner se situe dans ce paysage ?
C'est vrai qu'il n'y a pas un jour qui passe sans qu'on entende le lancement d'un nouvel acteur et de nouveaux produits. Je pense que le plus urgent pour vous et le marché est d'être prudent, bien comprendre quels sont les acteurs, quelles sont les structurations, quels sont les résultats qui pourront être délivrés. Selon nous, cette démocratisation pourrait galvauder les moteurs de performance historiques de la classe d'actifs et conduire à des résultats assez déceptifs. Donc, de ce point de vue-là, on essaye, nous, chez Private Corner, de faire à peu près l'inverse. C'est, aux côtés de notre réseau de distribution B2B, CGP, MFO, banques privées, de professionnaliser ensemble l'expérience de vos clients en les amenant sur les standards institutionnels. Et on y reviendra peut-être mais il s'agit notamment de mirrorer les cash flows exactement de la même manière que le client soit un patrimonial ou un institutionnel, combiné à un modèle de frais, un modèle économique qui est extrêmement juste, transparent et qui a vocation de préserver au maximum la création de valeur des fonds sous-jacents que nous avons sélectionnés.
Quels critères conseiller aux CGP pour sélectionner les fonds les plus solides et les meilleurs sociétés de gestion ?
C'est une très bonne question qui pourrait demander une réponse très longue. L'univers des marchés privés côté gestion et côté distribution a énormément évolué, évolue toujours beaucoup. L'hétérogénéité de ces gérants a toujours été très importante et ne va cesser de se creuser. Donc c'est là que le métier de Private Corner, en termes de sélection, intervient. Et je crois qu'aujourd'hui, dans le marché, il y a une prime aux gérants historiques, à la taille des gérants, à leur capacité de recruter, au-delà de financiers, des gérants qui sont experts des verticales qu'ils proposent au travers de leur véhicule. Nous regardons aussi beaucoup les gérants qui ont cette capacité à rembourser les investisseurs, puisque un bon gérant pour nous, c'est un gérant qui a un bon deal flow, qui a cette capacité de définir des plans stratégiques à déployer, mais aussi à trouver de la liquidité et à rembourser les investisseurs. Et donc il y a une notion de DPI, de rapport du multiple sur le temps passé, que l'on regarde beaucoup dans la sélection et qui fait notre positionnement aujourd'hui.
Les performances dans le Private Equity étaient vraiment extrêmement bonnes ces dernières années. Est-ce que vous pensez que ça va perdurer ? Et si oui, pourquoi ?
Merci Ivan pour la question. Je disais que l'univers du non coté évolue profondément. Et une étude récente montrait que depuis 5-10 ans, la création de valeur venait en partie, et pour bonne partie en l'occurrence, de l'effet de multiples, d'expansion de multiples, arbitrage de multiples, et de l'effet de levier. Aujourd'hui, pour créer de la performance, il faut créer de l'EBITDA. C'est ce qu'on appelle la performance opérationnelle. Aujourd'hui, un bon gérant, c'est un gérant qui crée de la performance opérationnelle, de l'ajout de chiffre d'affaires, de l'ajout de marge, par la combinaison de l'expansion de multiples et de l'effet de levier. Mais il faut être très prudent parce que gérer de la perf aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le passé. Et il y a de fortes chances que les performances que nous avons connues dans l'ancien monde, l'ancien monde sur le plan macro et micro, soient complètement finies aujourd'hui et très différentes demain. Et c'est la raison pour laquelle je pense que le non coté doit être perçu comme un outil avec une volatilité différente de d'autres classes d'actifs et cette capacité, au-delà de générer de la performance qui va sûrement se consolider et être peut-être moindre demain, cette capacité à générer de la surperformance par rapport à d'autres classes d'actifs. Voilà l'idée chez nous.
Vous avez aujourd'hui une gamme qui est composée de 11 fonds. À quelle logique est-ce qu'elle correspond ?
C'est aussi ce qui fait le positionnement de Private Corner, cette approche dite en briques pures. Lorsque nous construisons un fonds, il expose à un gérant et à une stratégie de ce gérant avec l'objectif pour vous d'avoir en permanence une gamme qui ne va pas se cannibaliser mais qui va vous proposer des briques qui sont extrêmement complémentaires les unes avec les autres pour que vous puissiez créer une allocation sur mesure et personnalisée dans le temps pour le compte de vos clients. Et comme nous sommes persuadés que le non-coté répond à une logique de construction de portefeuille, et donc à une logique d'allocation core-satellite, nous avons des stratégies cœur de portefeuille extrêmement diversifiées par construction, avec un risk-return très équilibré, pour ensuite proposer des briques plus satellites, thématiques, qui vont proposer un alpha supplémentaire pour le compte de vos clients.
Quel fonds conseilleriez-vous à un client qui commence seulement à investir dans le Private Equity ?
L'enjeu pour vous et pour nous est très important parce que c'est l'enjeu de considérer le non coté non pas comme un vernis marketing mais comme un outil de construction de patrimoine dans le temps et pour qu'il soit intégré durablement dans le patrimoine de vos clients. L'approche que l'on a c'est de s'orienter plutôt au démarrage sur des stratégies cœur de portefeuille, qui par une diversification qui est 10 à 100 fois supérieure à un fonds de buy-out traditionnel plus concentré, vont permettre d'avoir des rendements qui ne sont pas très éloignés et assez proches. Je pense donc en cœur de portefeuille à des stratégies comme le Private Equity secondaire. Ici, depuis quatre ans, il y a bon nombre d'offres qui sont sorties. Il y a des modèles à surveiller et des gérants spécifiques à surveiller, selon nous, aujourd'hui. Je pense aussi à la dette privée, qui peut proposer une diversification extrême avec cette logique de distribution. On a de ce point de vue là un fonds chez Private Corner qui le traite. Et puis, je pense aussi à quelque chose qui est un peu moins connu par le marché aujourd'hui, qu'on appelle le GP Stakes, qui consiste pour un gérant à prendre des participations au capital d'autres gérants sur les marchés privés et qui, pour nous, est une stratégie qui est à la croisée des chemins entre le primaire, le secondaire et la dette privée. C'est donc une très bonne première solution pour accéder à cette classe active des marchés privés.
Pour un investisseur patrimonial, quelle part de Private Equity vous parait pertinente dans une allocation globale et diversifiée ?
Alors c'est souvent une question que l'on a. Vous savez, chez Private Corner, qu'on aime pas beaucoup les discours convenus. On aime encore plus être singulier. Et la règle de marché évoque une allocation pour 15 à 25% du patrimoine financier d'un investisseur. Néanmoins, vous l'imaginez bien, entre un client final qui dispose de 700 000 euros et pour qui, oui, raison gardée, proportionnée, 15% font sens, pour un client en gestion de fortune qui dispose de 10 millions d'euros de patrimoine financier suite à une cession, et on le voit sur les MFO aux US, la quote-part sera plutôt de l'ordre de 30 à 40%. Parce que le restant à vivre derrière n'est pas le même. Et surtout, n'oublions jamais la logique du non-coté qui, de prime abord, et c'est très bien, peut être une logique d'arbitrage de stock, mais qui aussi et surtout, ensuite, est une logique d'allocation de flux. Et au-delà de considérer le stock d'un client à l'instant T, il faut considérer sa capacité à épargner chaque année et à allouer une partie de cette épargne sur les marchés privés. Donc une règle assez variable selon le profit de chacun de vos clients.
Quels sont les avantages à mettre du Private Equity dans un contrat luxembourgeois ?
Alors, je pense que le contrat luxembourgeois doit être avant tout là, dans une logique patrimoniale de transmission et où ensuite, c'est une enveloppe, effectivement, qui peut accueillir des solutions sur les marchés privés et de toutes sortes, et qui peut avoir l'avantage de faciliter, d'un certain côté, l'allocation du capital des clients, puisque dans ce type d'enveloppe là, 100% de l'engagement du client est alloué tout de suite. Avec ensuite des capital calls qui sont monitorés au sein de l'enveloppe et avec une fiscalité pour les fonds globaux qui en direct seraient soumis à une fiscalité de droit commun ont une fiscalité avantageuse et allégée qui est celle des contrats luxembourgeois dans le cas de certains fonds chez nous, cœur de portefeuille notamment.
Vous lancez la Private Corner Academy. En quoi ça consiste ? Quel est l'objectif ?
Oui, tout à fait. Il y a des nouvelles fonctionnalités. La PC Academy en est une. Je pense que pour que le non-coté soit une solution durable, encore une fois, dans le patrimoine de vos clients, il y a certes cette volonté d'avoir une sélection qui soit la meilleure possible, d'avoir une structuration qui soit très équilibrée, on l'a dit, en cash flow et en modèle économique. Mais le non coté passe aussi par beaucoup de formations, par beaucoup de pédagogie. Et donc nous avons lancé récemment la PC Academy, qui est un espace sur le portail dédié de nos partenaires, qui permet, parce qu'elle est alimentée de podcasts, de tribunes, d'articles, de vidéos, de vous former et, au-delà de vous former, de vous permettre de prendre du recul et de challenger les discours que vous pouvez entendre tous les jours, puisqu'il n'y a pas un jour qui passe sans que vous soyez sollicité par un acteur des marchés privés. C'est aussi pour avoir cette vue critique et challenger un petit peu les idées, les solutions et les sélections de chacun. J'espère qu'on figurera parmi les vidéos de votre académie.
On entend de plus en plus parler de la nouvelle stratégie Blue Owl de quoi s'agit-il ?
Oui, c'est ce qu'on évoquait un petit peu tout à l'heure. Je pense que le GP Stakes est aujourd'hui ce qu'était le secondaire il y a trois ans, c'est-à-dire totalement inconnu par la plupart des acteurs. C'est néanmoins une stratégie qui est très historique, notamment aux Etats-Unis. Blue Owl est un gérant qui, sur un peu moins de 300 milliards d'AUM sous gestion, dédie 70 milliards d'euros à du GP Stakes depuis de nombreuses années maintenant, et possède 90% de part de marché sur les opérations large cap. Le métier de Blue Owl, c'est de prendre des participations minoritaires au capital d'autres gérants spécialisés sur les marchés privés, parce que ces gérants, comme n'importe quelle société, ont besoin d'opérer leur croissance, de financer leur croissance, de diversifier leur vertical d'investissement, de diversifier leurs clients. Ce sont des gérants qui ont besoin de montrer encore plus qu'hier leur intégration aux côtés des clients finaux dans leurs fonds et de committer des montants plus importants qu'hier dans leurs fonds et des gérants qui sont soumis à une pyramide des âges et où Blue Owl est là pour faire sortir les fondateurs historiques de ces très beaux GP et réorganiser la continuité, la gouvernance de leur gestion. Voilà donc une solution à la croisée des chemins entre les avantages du primaire, du secondaire et de la dette privée et que l'on va déployer dans les prochaines semaines et prochains mois chez Private Corner. Et on va donc en entendre parler de plus en plus.
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